La vie économique dans la commune de Bonou est caractérisée par le développement d’une diversité d’activités exercées par les populations. Il s’agit principalement des productions végétale, animale, halieutique et de de la transformation des produits qui en sont issus. S’y ajoute, l’artisanat, le commerce, le transport, les services et dans une moindre mesure par la chasse, l’exploitation forestière et le tourisme.
Le secteur agricole est de loin la première source de l’économie de la commune à travers la production végétale dominée par les filières palmier à huile, maïs, riz, ananas, manioc et cultures maraîchères. Le secteur est composé de petites et moyennes exploitations de type familial orientées vers la polyculture associée souvent au petit élevage (volailles, petits ruminants ou porcins). Les productions animales (petits ruminants et volailles) sont assez faiblement développées. La production halieutique caractérisée par la pêche mais aussi par l’aquaculture participent notablement à l’économie de la commune.
Le recensement national agricole (RNA) réalisé en 2021 indique que dans la commune de Bonou, on dénombre 5 707 ménages agricole dont 5 635 sont actifs dans les productions végétales, 3 990 dans les productions animales, 343 dans l’aquaculture et 1 053 dans la pêche. 17,4% de ces ménages agricoles sont dirigés par des femmes.
L’exploitation du sable fluvial constitue aussi une source non négligeable de ressources pour la population de la Commune de Bonou.
- Tourisme
Bonou, situé en plein cœur du pays yoruba avec ses royaumes, bénéficie d’une culture riche des couvents de Guélédé avec son célèbre masque et d’Oro. La commune dispose d’importants atouts touristiques. Il s’agit entre autres de :
- La tombe du Commandant FAURAX tombé sous les coups de canon des amazones de l’armée dahoméenne. Ce site suscite la curiosité de beaucoup de touristes notamment les français. La tombe est dans le Village de Agbossè, Arrondissement de Affamè ;
- Les singes à ventre rouge est une espèce menacée dont les derniers représentants sont protégés dans la forêt de Gnanhouizounmè ;
- La forêt classée de Tovoh ;
- La forêt de ORO ;
- La source thermale de Atchabita ;
- Les deux yeux à Adamey, village de Damè-Wogon
- Les villages lacustres Ayogo, Azongbossa, Djigbé ;
Les terres situées le long du fleuve Ouémé sont régulièrement inondées, et donne lieu au développement d’une végétation luxuriante et une faune riche de diverses espèces, dont certaines sont menacées de disparition. Plus haut, c’est la culture du palmier à huile qui domine le paysage des environs de Bonou.
Ces différents sites offrent un potentiel de développement de l’écotourisme et du tourisme culturel. Malheureusement, ce potentiel reste non valorisé par la commune et ses populations. Aménagement des sites touristiques (voies d’accès, latrines et eau)
L’activité commerciale dans la commune de Bonou concerne en premier lieu les denrées agricoles issues des productions végétales, animales et halieutiques et de leurs produits transformés. Le commerce des produits manufacturés, quoiqu’existant, est beaucoup moins développé.
Ces activités commerciales se déroulent dans les espaces marchands dédiés (places de marchés, magasins de warrantage et boutiques). Les principaux marchés de la commune sont ceux d’Adido, d’Assrossa, de Bonou, et d’Affamè auxquels s’ajoute le marché de nuit de Sèdjè. Il faut noter que ces marchés sont pour la plupart construits en matériaux précaires et dans un état de délabrement avancé. De récentes actions de la commune ont permis la construction et la réfection de hangars dans les marchés d’Adido, d’Affamè et de Bonou puis l’éclairage du marché de Sèdjè[1].. Avec l’appui du projet ACMA 2, la commune a bénéficié d’un centre de warrantage de l’huile rouge sis à Bonou centre.
L’environnement commercial est aussi marqué par l’activité de système financiers décentralisés (SFD). Il s’agit principalement de la Caisse Rurale de Crédit et Prêt (CREP), la Caisse Locale de Crédits Agricoles et Mutuelle (CLCAM), l’Association de Lutte pour la promotion de Développement (ALIDé), DEFI. Ces SFD proposent des crédits aux commerçantes, transformatrices et autres acteurs des marchés pour faciliter le financement de leurs activités.
La faiblesse du pouvoir financier et l’état défectueux du réseau routier handicapent le développement des échanges commerciaux dans la Commune. La fréquentation de nombreux marchés est en baisse.
La principale ressource minière exploitée dans la commune est le sable fluvial. Le début du commerce du sable fluvial dans la commune de Bonou remonterait dans la période de 1976 – 1980 où des populations des villages de Lokossa (arrondissement de Bonou) et Abeokouta (arrondissement de Hounviguè) auraient été les précurseurs de cette activité. Au fil du temps, plusieurs villages de la commune s’y sont intéressés.
Il existe aujourd’hui dans la commune vingt-deux (22) carrières de sable et de graviers. Le tableau suivant présente leur répartition dans la commune.
Tableau 5 : Carrières de sable fluvial dans la commune de Bonou
Arrondissements | Nombre de sites | Observations |
Atchonsa | 3 | Extraction manuelle |
Affamè | 4 | Extraction manuelle |
Bonou | 6 | Extraction manuelle |
Damè Wogon | 6 | Extraction mécanisée à l’aide d’une drague |
Hounviguè | 3 | Extraction mécanisée à l’aide d’une drague
Extraction manuelle |
Total | 22 |
Source : Enquête PDC 4, janvier 2023
L’exploitation de ces carrières de sable permet à différents acteurs, selon leur positionnement dans la chaine d’exploitation, d’obtenir une rémunération substantielle très disparate, mais assez faible et fluctuant pour assurer une sécurité économique et sociale à ces acteurs.
L’exploitation de cette ressource contribue aussi au renflouement des recettes de la commune en ressources financières. Ainsi, au cours des 5 dernières années, l’exploitation des carrières de sables est apparue comme la première source de ressources internes de la commune de Bonou.
On note également l’existence de sources thermales d’Atchabita, d’Ayogo, de Dogba et d’Ahouanzonmè et d’indices de calcaire existent également à Atchonsa et à Bonou. Ces ressources minières ne font pas encore objet d’exploitation.
A l’occasion de l’exploitation de ces carrières de sable fluvial, les acteurs sont confrontés à trois principales contraintes que sont :
- Les difficultés d’accès aux carrières marquées par la très forte dégradation des pistes ;
- Le manque de réglementation et de contrôle des chargements de sable avec les corolaires sur la compétitivité entre les sites de la commune ;
- Le développement de conflits parfois violents entre les exploitants de certains sites et les communautés riveraines des sites.
La commune de Bonou compte plusieurs unités de transformation agroalimentaire (tableau ci-dessous). Ces unités sont pour la plupart de type artisanal et opèrent dans la transformation de denrées comme les noix de palme (83 des unités de transformation) et le manioc (12 des unités de transformation). Grâce à l’appui du Projet Commune du Millénaire (PCM-Bonou) la commune dispose d’une Plateforme Multifonctionnel sise à Adido qui offre la logistique nécessaire pour la transformation du manioc en gari. On note aussi la mise en place d’une unité pour le décorticage de paddy à Atchonsa.
Une unité semi-industrielle de transformation de riz est en cours de développement à Atchonsa avec la Coopérative Communale de Transformation de Riz (CCTR). Cette unité a mis en marché pour la campagne 2022, 33,6 tonnes de riz blanc long grain, 21 tonnes de riz blanc cassé et 18,2 tonnes de riz étuvé. Il convient de signaler que cette unité manque d’équipements de transformation notamment une mini-rizerie. Le tableau suivant présente la synthèse des unités de transformation existantes dans la commune.
Tableau 3 : Unités de transformation agroalimentaire existantes dans la commune
Localités | Ananas | Manioc | Palmier à huile | Riz | Total |
Affamè | 0 | 0 | 10 | 0 | 10 |
Atchonsa | 2 | 2 | 4 | 1 | 7 |
Bonou | 5 | 0 | 9 | 0 | 10 |
Damè-Wogon | 0 | 0 | 10 | 0 | 10 |
Hounviguè | 0 | 3 | 2 | 0 | 5 |
Total | 7 | 5 | 35 | 1 | 42 |
Source : CeC-Bonou/ATDA7, 2022
La transformation se développe peu à peu au niveau de la filière ananas avec le recensement de 07 unités de transformation artisanales fonctionnelles dans la commune avec une capacité de transformation totale de 100 tonnes l’an en Jus d’ananas pour le marché local et national.
La pêche quant à elle est une activité plus ou moins développée. Elle se pratique sur le fleuve Ouémé et affluents qui regorgent d’une diversité de ressources halieutiques. Des techniques de pêche prohibées (acadja et mindokpo konou) sont utilisées. Les espèces les plus capturées sont les Cichlidae ; les Clariidae et les Parachana. Elle fournit à la population locale et extérieure (commune environnantes, Cotonou, Porto-Novo, plateau Badagry et environs) des protéines animales (poissons, crustacées).
La pisciculture est également aujourd’hui pratiquée par un certain nombre de ménages dans la commune. Les pisciculteurs utilisent plusieurs types d’infrastructures telles que les étangs, les bassins, les cages flottantes et les bacs hors sol. Ainsi, à Avlankanmè dans l’arrondissement de Damè-Wogon, le PCM-Bonou a permis la mise en place d’étangs pour la production de Clarias.
Pour atteindre cette performance, les pisciculteurs reçoivent des appuis de l’ATDA 7 aussi bien en termes de conseil technique spécialisé que sous la forme de subvention. Ainsi, le tableau ci-dessous présente les appuis fournis au cours des deux dernières années et prévus pour 2023.
Tableau 2 : Réalisation et prévisions de production halieutiques
Alevins mis en place | Réalisation 2022 | Prévision 2022-2023 |
Tilapia mono sexe | 99 000 | 138 600 |
Clarias | 165 000 | 31 900 |
Mixtes | 54 500 | ** |
Total | 318 500 | 170 500 |
Source : CeC Bonou, 2021 et 2022
En vue d’améliorer les performances de la pisciculture dans la commune, le Projet de vulgarisation de l’aquaculture continentale en république du Bénin (PROVAC 2) et l’ATDA 7 ont accompagné le processus de mise aux normes d’une ferme aquacole à Affamè. Cette ferme aquacole, avec son écloserie, est apte pour la production et la fourniture des alevins aux pisciculteurs ordinaires. Ils sont cependant confrontés à la non disponibilité de provende de qualité convenable pour la pisciculture.
Le maillon transformation de poisson d’élevage n’est pas développé dans la commune. On note seulement quelques activités de transformation du poisson de pêche issu des cours d’eau occupées par les mareyeuses de façon traditionnelle.
Les principales filières végétales développées dans la Commune de Bonou sont le palmier à huile, le maïs, le manioc, les cultures maraichères et la patate douce. S’y ajoutent les filières comme l’ananas en émergence et la banane. Il faut cependant noter que la diversité des cultures pratiquées n’est pas limitée à celles-ci-dessus citées.
Les acteurs de ces filières sont parfois organisés en coopératives. Ils bénéficient des appuis de la Cellule Communale (CeC) de l’Agence Territoriale de Développement Agricole Pôle 7 (ATDA 7) et des agents de divers projets/programmes intervenant dans la Commune.
Première filière agricole de la Commune de Bonou, la filière palmier à huile couvre environ 1 945 ha de plantations dont 412 ha installés en 2022 (CeC Bonou /ATDA 7, 2022). C’est la principale culture de rente de la Commune. Il s’agit des plantations des sept (07) coopératives d’aménagement rural (CAR) et des plantations privées. En 2022, ces diverses plantations ont permis la production de 10 310 tonnes de régimes de palmes dans la commune de Bonou. Cette filière donne lieu à un important développement d’unités artisanales et semi-industrielles de transformation de production d’huile de palme. On estime qu’au moins 60% de cette production serait transformée localement en huile rouge par la quarantaine d’unités de transformation, essentiellement de type artisanal, existantes dans la commune.
Au titre des cultures de rente, la production de l’ananas prend de plus en plus de l’importance dans la commune de Bonou. En 2021, 22,4 ha d’ananas de la variété pain de sucre ont été installés et sont en phase de fructification. Par ailleurs, cette filière qui bénéficie des appuis de DEFIA, a réalisé en 2022, la production de 390 tonnes d’ananas fruit frais à partir de 6 ha de culture.
Le maïs et le riz sont les principales, sinon les seules cultures de cette catégorie. La production de maïs est de loin la plus importante des deux avec une production moyenne de plus de 4 000 tonnes/an au cours des 5 dernières années contre moins de 150 tonnes/an pour le riz.
L’arachide et le niébé sont les principales légumineuses produites dans la commune. Leurs productions moyennes sont de l’ordre de 150 tonnes/an pour l’arachide et moins de 100 tonnes/an pour le niébé.
Le manioc est la plus importante de toutes les cultures de cette catégorie avec une production moyenne de 18 413 tonnes/an au cours de la période de 2015 à 2020 (DSA/MAEP, 2021).
Le système de production des cultures maraichères est pluvial ou de décrue. On dénombre treize (13) sites de bas-fond aménageables évalués à plus de 3000 hectares[2] dont la plupart sont sur le rive droite du fleuve Ouémé. Les principales cultures produites sont la tomate, le piment, le gombo, les légumes-feuilles (crincrin, grande morelle, amarante, …) et la pastèque. La production de piment et de tomate se démarque nettement de celle des autres spéculations (gombo, crincin et grande morelle). La production de la tomate est presque linéaire avec un pic à la campagne 2017-2018 suivie d’une phase de décroissance. Cette production est assurée par 19 organisations professionnelles agricoles dont 15 coopératives.
Pour les besoins de production agricole, les femmes sont encore sous le joug des pesanteurs socioculturelles liées au droit patriarcal de gestion de la terre qui limite leur contrôle sur cette ressource. Cependant, elles y ont accès pour l’usufruit. Ce qui rend difficile l’accès des femmes aux terres. Leur faible capacité financière ne facilite pas l’acquisition des terres même au niveau des parcelles des coopératives et des moyens de production.
La disponibilité et l’accessibilité aux intrants influence la productivité des cultures. Il s’agit principalement des semences, des engrais et des pesticides. Dans la commune de Bonou, il existe un seul point de vente d’intrants agricoles mis en place par SODECO Agri. On y trouve principalement des engrais (NPK et urée) dont les formulations ne sont pas spécifiques aux cultures pratiquées. Il y a aussi quelques semences maraichères.
Il ressort de l’analyse des informations collectées que :
- Les besoins en engrais exprimés par les producteurs sont très faibles alors que le secteur agricole (production végétale) est la première source de l’économie de la commune ;
- Quel que soit le type d’engrais considéré, aucun besoin exprimé n’est couvert à 100%.
[1] Le système d’éclairage mise en place n’est plus fonctionnel au moment de la conduite du diagnostic
[2] Coopération Suisse, 2019, Plan Stratégique de Mobilisation de Ressource de la commune de Bonou 2019-2021